La QUILLE





 

     
   



		Avec tous ces évènements, le temps a passé et au moment de l'indépendance
		je passais le cap des 24 mois d'armée, ce qui voulait dire que le Père Cent
		n'était pas loin. 


Bien sûr pour arroser le Père Cent, il nous fallait un peu d'argent. Première chose à faire, un cercueil qui passerait dans chaque chambre pour collecter quelques fonds. Ensuite il faut éditer le faire part, à envoyer aux parents et amis avec l'espoir d'une réponse sonnante et trébuchante. C'est après toutes ces démarches et leurs résultats que l'on a pu fêter
Les Derniers 100 Jours
		Oui mais cent jours ça fait quand même trois mois et une bonne semaine,
		donc nous n'étions pas encore sortie de 'l'auberge' si je puis dire!!!
		Alors nous sommes repartis dans le train train ordinaire et puis un jour
		la classe 60-1B est enfin partie, nous passions dans la catégorie 
		"LIBERABLE" et oui les prochains c'étaient nous.
		Concernant notre activité au camp c'était le statu quo, mais moralement 
		qu'est ce que c'était bon.

		Puis des rumeurs commencèrent à circuler 'il parait que:' ils réduiraient
		la durée du service et bientôt!!! Alors nous étions aux aguets de tout ce 
		qui touchait de près ou de loin au sujet.
		Le 'T.O.'(texte officiel) tant attendu arriva un jour, notre départ 
		était fixé avec un mois d'avance, on n'osait y croire!!!

		Suite à cette bonne nouvelle, je reçus de nombreux messages des gens de 
		nos détachements et Celui-ci retenu particulièrement mon attention. 
		C'était vrai, jamais je ne m'étais déplacé pour aller voir le DLA2, c'était
		pourtant facile car tous les vendredi un Nord partait de Blida pour Oran 
		emmenant, entre autres, les commandes trans pour le détachement.
		
		C'est ainsi que ce vendredi, 10 jours avant le grand départ, je prenais 
		l'avion pour Oran. Là-bas les retrouvailles fûrent arrosées copieusement,
		si bien que dans l'après midi lorsque il fut question du retour vers Blida,
		je décidais de rester une semaine pour visiter le pays. Le radio envoya un 
		message au camp comme quoi je restais pour "mise au point transmissions".
		Cette semaine fut vraiment des vacances, je visitais Oran dans la mesure du 
		possible, car la ville était quadrillé par l'ALN qui traquait les gars de 
		l'OAS, il fallait être prudent.

Quelques vues de mon voyage
J'ai mangé et dormi chez des Oranais très sympathiques, on passait des soirées formidables, moments que je n'avais jamais connus à l'armée. La semaine est passée à une vitesse "Grand V" et il a fallu penser à rentrer vers Blida. Je me pointais donc aux pistes pour prendre le Nord 2501, mais là, gros problème, l'avion n'était pas là. La vacation avait été annulée il fallait attendre le vendredi suivant. Ce qui voulait dire, que je ne serais pas au départ de la quille, pour moi c'était impensable!!! Il me fallait un autre moyen de locomotion. je décidais de prendre le train, le voyage durerait la journée mais J'avais le temps. A Blida, quand le capitaine apris que je revenais par le train, il déclara que l'on ne me reverrait certainement pas, que je n'avais aucune chance d'arriver à bon port. le lendemain matin en gare d'Oran, je cherchais un compartiment à mon goût, quand dans un wagon, je vis un groupe de légionnaires qui rapatriait Alger. Tout de suite nous avons sympathisé et j'ai voyagé avec eux. Bien m'en a pris car le train fut bloqué 3 fois en pleine campagne, les gars de l'ALN en position autour des voies, fusils mitrailleurs en batterie et fouille complète (personnes et bagages). Ils traquaient l'OAS. Le groupe de légionnaires ne fut pas contrôlé, par contre si j'avais été tout seul, je ne sais pas ce qui se serait passé??? Toujours est-il que le samedi soir j'étais au camp à Blida, et le lundi matin suivant vers 10h rassemblé une dernière fois sur la place du rapport avec toute la classe pour un ultime adieu à tous ceux qui restaient. Je puis vous dire que nous avions tous le coeur léger et heureux de notre sort, avec la Permission Libérable dans la poche. Quand le capitaine nous passa en revue, il s'arrêta devant moi et me dit simplement "Ah! Morin" puis il repris son inspection. Il nous souhaita bonne chance pour la reprise de la vie civile. Il est évident que depuis le temps que l'on attendait ce moment ce n'était que du bonheur, mais d'un autre côté ça faisait 27 mois que l'on ne se faisait pas de tracas pour notre avenir, on n'avait pas le soucis du lendemain, maintenant il allait falloir se reprendre en main. Finalement malgré tous mes déboires avec la hiérarchie, je n'étais pas si mal vu, car c'est à moi que l'on remis l'état de filiation de la classe pour, l'embarquement à Alger. Une heure après nous étions sur le port d'Alger, prêt à embarquer sur le "Ville d'Oran" belle coïncidence: J'en arrivais. La traversée s'est passée dans l'euphorie du retour, et nous avons débarqué à Marseille en pleine forme. Et là surprise, je n'avais pas fait 10 pas sur le sol marseillais que les gendarmes m'ont mis à l'écart et fouillé mes bagages. Pourquoi moi??? Il en fallait un. Bien sûr, je n'avais rien d'illicite, genre arme ou munition, je ne crois pas avoir la tête d'un terroriste, je me demande si, le fait d'avoir un béret rouge et un petit grade, n'a pas orienté leur choix ??? Enfin, 5 minutes après j'avais rejoint mes copains. Nous avons pris le train pour Paris et là, aprés un plus ou moins bref 'adieu' nous nous sommes éparpillés dans les différentes gares de la capitale pour rejoindre nos pénates. Ainsi se sont terminés, 27 mois de vie militaire, où j'avais fêté mes 20-21-22 ans loin des miens, parents et amis!!! "Réflexion" Quand je pense à tout ce temps perdu par les jeunes de notre génération, à ces vies disparues, gâchées, pour qu'une petite minorité garde pouvoir et argent, je ne félicite pas les dirigeants de cette époque responsables de ce lamentable gâchis.
Photos du retour
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